Il y a des journées que l’on ne souhaiterait plus “célébrer”. Le 15 juin, “journée mondiale de lutte contre les maltraitances des personnes âgées” en fait partie.
Cette journée a un goût d’autant plus amer que les évolutions semblent bien minces depuis l’année dernière. La loi grand âge a été laissée dans les cartons du précédent quinquennat. La proposition de loi bien vieillir, non reprogrammée à l’Assemblée nationale, est en train de connaître le même sort. En décembre 2022, dans un tweet, le ministre Jean-Christophe Combe annonçait “un choc de transparence et de confiance au travers de deux mesures : contrôles systématiques et renforcement du contrôle financier”. Mais les Agences Régionales de Santé (ARS) n’ont pas les moyens de ces ambitions, et nous savons collectivement que la crainte du bâton ne suffira pas à régler des problèmes de maltraitance ancrés, faute de moyens.
Les Etats Généraux de la maltraitance ont été annoncés le 6 mars, pour construire une “Stratégie nationale de lutte contre les maltraitances ambitieuse”. Il est proposé de faire des réunions “auto-portées”, pour répondre à une concertation formée de questions fermées (à retrouver ici). Le but pour le ministère est de disposer “d’une compréhension plus fine et plus lucide des situations vécues, d’une intelligence collective plus profonde des difficultés rencontrées par les personnes et les organisations pour mettre fin aux violences et renforcer la prévention, et de propositions concrètes permettant d’orienter la stratégie de lutte contre les maltraitances qui sera lancée à l’automne 2023”.
L’OGRA ne participera pas à ces débats. Ses membres ont déjà participé à de nombreux travaux sur le sujet, donné de leur temps -gracieusement- pour accompagner les familles et professionnels ou apporter des contributions. Des rapports ont été écrits par des commissions créées spécialement sur le sujet. Les propositions existent. Les moyens qui en découlent, non.
Nous pensons que le sujet de la maltraitance ne peut pas être décorrélé de la question des financements. Certaines propositions pourraient être rapidement mises en œuvre, comme la formation initiale et continue des professionnels. Mais quand nous recevons des témoignages de familles sur des dîners composés de brioches, du personnel “faisant fonction” dans des unités de vie protégées, des professionnels qui donnent leur propre collation à des résidents bien trop peu nourris, des résidents mis au lit à 17h par manque de personnel, nous savons que des propositions aux coûts neutres ne règleront pas ces situations.
L’OGRA est plus que jamais du côté des personnes âgées et de leurs proches, qu’ils soient à domicile, en résidence service ou autonomie, en habitat inclusif ou encore en EHPAD. Nous continuerons d’alerter grâce aux témoignages reçus, et à porter les messages similaires portés par le Cercle des Proches Aidants en Ehpad, le Conseil National Auto-Proclamé de la Vieillesse, les Petits Frères des Pauvres, et tous les organismes qui travaillent à améliorer la vision du grand âge et les conditions de prise en charge. Nos voix sont multiples, mais elles hurlent le même discours.