Ce mardi 19 mars, la proposition de loi “portant diverses mesures relatives au grand âge et à l’autonomie”, anciennement, et plus connue sous le titre “bien vieillir” a été adoptée.
Plus d’un an est passé depuis son dépôt, le 15 décembre 2022. La première lecture à l’Assemblée nationale, en avril 2023, avait été interrompue faute de temps de débat suffisant (qui aurait pu prévoir que trois jours de débat, sur un sujet de société annoncé depuis 2018 et sans cesse repoussé depuis, ne suffiraient pas ?). Elle reprend 3 jours en novembre le Sénat prend 3 jours en janvier et février 2024 pour supprimer les effets d’annonces d’une loi pas vraiment révolutionnaire. Et nous en sommes là.
Avec cette proposition, on avance sur des points de détails, mais sans vision. De plus, une proposition de loi ne peut pas engager de moyens financiers, la Constitution ne le permettant pas. Alors, pendant 1 an, sous couvert de bâtir une société dans laquelle on vieillit mieux, il fut question de carte de stationnement (déjà existante) pour les aide-soignantes,, de droit de visite, ce qui devrait être un non sujet, d’animaux en EHPAD, la fausse bonne idée (voir l’interview de notre président Laurent Garcia à ce sujet).
Certaines mesures vont certes révolutionner le secteur : les EHPAD publics doivent se regrouper, les départements doivent créer un nouveau service public, la CNSA récupère de nouvelles missions, etc. Mais cela ne répondra pas aux attentes quotidiennes des personnes âgées, de leurs proches et des professionnels qui les accompagnent. Comment assure-t-on une meilleure prise en charge de la personne âgée, à domicile ou en EHPAD, quand ces services et établissements sont en déficit chronique ? Comment répond-on aux inquiétudes des familles après le scandale ORPEA, quand des articles de presse ou des témoignages démontrent que l’opacité et les mauvais traitements dénoncés existent toujours ? Comment aide-t-on les professionnels qui doivent accompagner des personnes dont la prise en charge est toujours plus lourde, sans renforcement de moyens, à maintenir un soin de qualité, conforme avec les exigences de leur conscience professionnelle ?
Les député·e·s portant ce texte ont pu dire que ce n’était pas LA réponse attendue à la réforme nécessaire du grand âge. Annie Vidal, rapporteure du texte à l’Assemblée nationale, a même pu rappeler que cette adoption ne devait pas signer “le solde de tout compte” des réformes sur le sujet. Mais le nouveau gouvernement montre une certaine frilosité sur le sujet. Les annonces de l’ancienne ministre Aurore Bergé n’ont pas été reprises à leurs comptes par les ministres Catherine Vautrin et Fadila Khattabi. Cette dernière a beau s’évertuer à répéter « je veux travailler avec vous [les député·e·s]« , le seul message audible est l’absence de maintien de la loi de programmation sur le grand âge qui aurait dû être déposée cet été. Les oppositions ne s’y sont pas trompé, en s’abstenant ou en votant contre.
Nous avons l’habitude. Hélas, le secteur a l’habitude. Et se résigne. Nous tiendrons, nous continuerons à travailler, parce que nous avons à cœur d’accompagner dignement les personnes âgées. Nous aurons toujours les mêmes réponses, les mêmes indignations. Et nous espérons que la machine à ne pas réformer s’enrayera avant nous.
Lucie Loncle Duda
Vice-présidente de l’Observatoire du Grand Âge